Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP)

Le plus important Syndicat du secteur municipal québécois

Le Syndicat Structure Syndicale Historique du syndicat, de 1961 à 1970

Historique du syndicat, de 1961 à 1970

1961

Le 22 février, après plus de 15 ans à la présidence du Syndicat, M. René Constant meurt. En 1944, il avait été deuxième vice-président et, en 1945, premier vice-président du Syndicat. Son vice-président depuis 1954, M. Robert Langlois, prend sa succession, tandis que M. Roger Lavallée devient premier vice-président.

Le 15 août, à l’assemblée générale extraordinaire tenue à la salle de l’Immaculée-Conception, les fonctionnaires doivent décider s’ils veulent accorder à une compagnie américaine (la Etna Life Insurance) leur police d’assurance-maladie, ou s’ils préfèrent que le Syndicat continue lui-même à administrer ce fonds. Le fonds d’assurance-maladie est toujours administré par le Syndicat.

1962

En mai a lieu l’ouverture d’un magasin coopératif au 2464, rue Bélanger, à l’instigation et à l’intention de tous les employés municipaux.

En septembre a lieu le début des travaux de la coopérative d’habitation du domaine Saint-Sulpice.

1963

Classification des emplois cols blancs qui a beaucoup fait parler les fonctionnaires... et cela continue depuis ! M. Maurice Faucher, vice-président du Syndicat, parlera de « l’oeil-o-mètre » comme critère d’évaluation...

En avril, une nouvelle équipe prend la direction du Syndicat. M. Gérard Shanks devient président et M. André Lanciault, vice-président.

« Les 782 employés de l’Hôtel de Ville mettent fin à leur grève perlée », peut-on lire à la une de La Presse du soir du 15 novembre. Un règlement était intervenu le matin même entre la Ville et le Syndicat national des fonctionnaires municipaux, et l’Association des fonctionnaires professionnels municipaux de Montréal sur la question des allocations d’automobile.

1964

À la suite de l’achat du terrain à l’angle nord-est des rues Vitré (maintenant Viger) et Sainte-Élizabeth, on envisage d’y contruire avant les Fêtes un édifice pour le Syndicat. Il est également question d’un édifice de 28 étages sur le terrain des Jésuites (collège Sainte-Marie à l’époque). À cet endroit ne subsiste que l’édifice abritant la salle Gésu, angle René-Lévesque ouest (à l’époque le boulevard Dorchester ouest) et Bleury.

Le 22 juillet, la première tranche du code du travail du Québec (loi 54) est adoptée par l’Assemblée législative. Un de ses amendements les plus remarquables donne le droit de grève aux employés des services publics du Québec, à l’exception des policiers et des pompiers.

1965

En avril, une nouvelle équipe prend la tête du Syndicat. On retrouve donc à la présidence M. André Lanciault et, à la vice-présidence, M. Maurice Faucher.

Au mois de juin, M. Lanciault signe la convention collective et déclare qu’elle est un pas de plus vers un statut supérieur de la fonction publique pour nos membres.

En juin également, le Syndicat tient un référendum sur l’à-propos pour notre organisme d’être propriétaire de son propre édifice. Malgré les résultats favorables (1401 votes en faveur, 459 contre), l’idée est abandonnée au mois de décembre.

Les activités parasyndicales ont beaucoup d’importance depuis les débuts du Syndicat. Elles permettent aux fonctionnaires de se rencontrer, de se solidariser. Pique-nique au Parc Belmont, club Quart de siècle, ligue de hockey Concordia, volley-ball, balle-molle, soirée de danse annuelle, dépouillement d’arbre de Noël, etc.

1966

Le Syndicat quitte le 468, rue Duluth est, et va s’installer au 7e étage de l’édifice de la CSN au 1001, rue Saint-Denis.

1967

Les fonctionnaires municipaux déclenchent leur deuxième grève.

À l’assemblée générale du 12 janvier, l’appel à la grève est accueilli par un tonnerre d’applaudissements. M. Raymond Couture, de la CSN, agira comme directeur de grève.

Les fonctionnaires ont décidé que 1967 serait leur année. C’est aussi l’année de l’Exposition universelle de Montréal.

Des slogans circulent : « 20 % + 700 $ », « 1967 ou jamais! ».

Les deux salles de ralliement du Syndicat sont la Casa d’Italia, rue Jean-Talon est, et le sous-sol de l’église Saint-Sauveur, angle Viger et Saint-Denis, soit juste en face de l’édifice de la CSN de l’époque, rue Saint-Denis.

Des comités s’activent. Une chanson écrite sur l’air — très célèbre à ce moment — de La Manic de Georges D’Or est poussée par tous avec beaucoup d’enthousiasme : « Si tu savais comme on s’ennuie / Mon bon Lucien [Saulnier, bras droit de Jean Drapeau] ».

Pendant ce temps, des séances de négociations ont lieu sans grand succès.

MM. Jean Drapeau et Lucien Saulnier maintiennent la ligne dure. Le représentant patronal, M. Bernard Primeau, ne semble pas avoir tous les mandats nécessaires.

Le 28 janvier, M. Saulnier demande au Syndicat de lui accorder un délai de 72 heures, ce qui s’est avéré impossible pour plusieurs raisons.

Le 30 janvier, à l’assemblée générale, la grève est déclenchée. Le même jour, M. Saulnier déclare qu’il est prêt à accorder beaucoup plus aux employés manuels qu’à tous les autres travailleurs syndiqués de la Ville. Il rencontre également des hommes d’affaires qui le mettent en garde, car ses offres serviront de modèles dans les autres secteurs d’activité économique.

Le 3 février, à la suite de la recommandation des dirigeants du Syndicat, les membres réunis en assemblée générale rejettent à main levée les dernières offres patronales. Cela n’empêche pas que les rencontres entre les deux parties se poursuivent en présence du conciliateur, M. J. Édouard Asselin.

Pendant ce temps, il fait très froid dehors. Les fonctionnaires maintiennent des piquets de grève, avec relèves, devant les lieux de rassemblement prévus, où du café et des hot dogs les attendent. Il y a aussi projection de films, visite de stations de radio et présentation d’une pièce de théâtre gratuite au TNM.

Le 8 février, le comité de négociation envoie un télégramme au premier ministre Daniel Johnson pour réclamer l’intervention des ministres Bellemarre ou Dozois. À Québec, on répond qu’on est trop occupé pour s’en mêler.

Le comité délègue MM. André Lanciault, Maurice Faucher, Jean-Robert Gauthier et Joseph Naud afin de rencontrer M. Maurice Lamontagne, ex-ministre fédéral, à Ottawa. 

M. Lamontagne discute par la suite avec M. Saulnier, qui refuse de prendre connaissance des contre-propositions syndicales.

Des pourparlers se déroulent ensuite entre MM. Gauthier et Saulnier, qui a sensiblement modifié ses positions sur des points qui étaient demeurés en suspens.

Le 17 février, 87,5 % des fonctionnaires votent contre les offres « finales » de la Ville, ce qui assurera le succès d’une manifestation triomphale devant l’hôtel de ville. La rumeur d’un transfert de la juridiction du Service du Bien-Être social vers le gouvernement provincial.

Les membres du BES, en très grande majorité, se prononcent en faveur de la poursuite de la grève. Une nouvelle demande d’intervention est faite au premier ministre Johnson.

Puis, une situation anormale se produit. Le comité exécutif prend connaissance de discussions qu’auraient eues le groupe Mayer et de la rencontre qu’ils doivent avoir avec M. Maurice Landes (conseiller municipal très proche de Jean Drapeau et membre du comité exécutif de la Ville. Ils décident de convoquer le groupe des 12 (rassemblant des directeurs syndicaux dissidents) et de leur demander un rapport. On imagine la situation et l’attitude subséquente du comité de négociations.

Les membres du comité de négociations et M. Lucien Saulnier sont convoqués à Québec par le ministre du Travail, M. Maurice Bellemarre.

Des négociations se déroulent au bureau du ministre, puis se transportent dans des chambres du Château Frontenac. D’autres rencontres auront lieu à l’hôtel Windsor de Montréal.

Après quatre semaines de grève, les fonctionnaires remarquent de graves scissions internes au comité de négociations, au comité exécutif et, même, parmi eux.

Le 28 février, à la salle Saint-Édouard, se réunissent, au lieu de 250 à 300 « poteaux », près de 500 membres pour voter sur la dernière contre-proposition syndicale. Des membres l’ayant appris, ils sont furieux de ne pas y avoir été invités.

Le 2 mars, à la salle des loisirs Saint-Louis-de-France, les « vrais poteaux » et capitaines d’équipes se réunissent pour être informés d’une nouvelle proposition du Syndicat.

Le vendredi 3 mars, au centre Paul-Sauvé, se tient l’assemblée générale des membres qui acceptera la dernière offre de M. Saulnier, dont voici les principaux éléments :

  • Versement d’un montant forfaitaire de 400 $ ;
  • Augmentation de salaire de 425 $ pour les classes 1 à 5a, de 500 $ pour les classes 6 à 11 et de 600 $ pour les classes 12 à 17 pour la première année ;
  • Augmentation de 250 $ pour la deuxième année commençant le 1er janvier 1968.

M. Saulnier refusait donc d’accorder l’augmentation de 200 $ demandée pour le 30 novembre 1968, de même que le montant additionnel pour les surpayés. 

À l’assemblée, les « durs » sont massés aux endroits stratégiques (micros et sorties).

Les scrutateur proposés sont refusés et remplacés par des membres du comité de discipline. Ils empêchent le vote secret, ce qui donne lieu à ce qu’on a appelé le « bingo ».

On décide de tenir un référendum le samedi 4 mars à la salle du centre Immaculée-Conception. Pour plus d’impartialité, on confie au juge Armand Cloutier la présidence du scrutin et le secrétariat à l’avocat Dollard Dansereau.Après cinq semaines de grève, les fonctionnaires rentrent au travail affaiblis et, surtout, profondément divisés. Le moral est bas, et il faudra du temps pour oublier cet épisode douloureux. Bien des décennies plus tard, on parlera encore de la fameuse grève de 1967.

Le 12 juin, les membres, réunis en Assemblée générale extraordinaire, décident de demeurer affiliés à la CSN et de modifier les structures du syndicat en abaissant le nombre de membres à l’exécutif de 28 à 7 et en créant le Conseil syndical, qui regroupera 67 membres.

Le 6 novembre, les membres élisent une nouvelle équipe à la tête du Syndicatl. M. Jean Des Trois Maisons devient le président et M. Réal Bibeault, le vice-président.

1968

Le 27 janvier, M. René Lévesque vient exposer aux fonctionnaires sa thèse de souveraineté-association.

Le 29 janvier, réunion de quelque 150 retraités, qui jettent les bases d’une association : l’Association des fonctionnaires retraités de la Ville de Montréal.

Le 29 avril, lors d’une assemblée générale extraordinaire, les fonctionnaires décident de tenir deux référendums sur le principe de l’affiliation à la CSN.

La première consultation se tient du 24 au 31 mai. La question porte sur le principe même de l’affiliation à une centrale. Un rapport du président du comité du référendum, Me Victor Melançon, précise que 1578 membres ont voté en faveur, 1073 contre, et que 24 bulletins ont été rejetés. 

La deuxième se déroule du 15 au 19 juin, et invite les gens à se prononcer pour ou contre l’affiliation à la CSN. Toujours selon le rapport de Me Mélançon, 5132 bulletins de vote ont été expédiées par la poste aux fonctionnaires ; la majorité exigeait donc 2567 votes. Le 26 juin, au décompte, on n’avait reçu que 2408 enveloppes. En accord avec une décision prise lors de l’assemblée du 29 avril, on a mis fin au processus.

Les 8, 9 et 10 mai, on tient le premier congrès des conseillers syndicaux au Centre marial des Montfortains, à l’angle des rues Bossuet et Sherbrooke est.

En juillet, 555 fonctionnaires assistent à une représentation de la pièce Pygmalion à l’Expo-Théâtre.

Le 27 décembre, à la suite de l’adoption de la loi 295 (elle dispense la Ville de Montréal de verser des cotisations ou contributions à la caisse de retraite destinée à payer les pensions de ses employés pour l’exercice 1969-70), les présidents de 11 syndicats de la Ville décident de créer un front commun. M. Jean Des Trois Maisons en assumera la présidence pendant 10 ans.

1969

Le 7 mai, M. Jean Des Trois Maisons et Réal Bibeault signent leur première convention collective avec la Ville de Montréal, qui couvre la période du 1er décembre au 30 novembre 1971.

Le 10 juin, les dirigeants du Front commun des employés municipaux, avec M. Des Trois Maisons à leur tête, présentent à la commission Raynaud un mémoire fortement documenté préparé par des experts de la CSN, de la FTQ et des actuaires expérimentés. Ce document prouve que le point de vue des employés municipaux, lors de la bataille de la loi 295, était valable.

Élections générales le 31 octobre, à la suite de laquelle MM. Des Trois Maisons et Bibeault sont réélus président et vice-président du Syndicat.

En novembre, le Front commun des employés municipaux fait, à Québec des représentations sommaires sur le document sessionnel numéro 199, l’avant-projet de loi sur la Communauté urbaine de Montréal, qui deviendra la loi 75.

1970

En janvier, les leaders du Front commun présentent une annexe à leur mémoire contestant le projet de loi 295 sur les caisses de retraite devant deux des trois commissaires, MM. André Raynaud et A. Hervé Hébert.

En octobre, le syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal achète l’édifice sis au 429, rue de la Gauchetière, et entreprend des travaux de réfection.