Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP)

Le plus important Syndicat du secteur municipal québécois

Le Syndicat Structure Syndicale Historique du syndicat, de 1908 à 1960

Historique du syndicat, de 1908 à 1960

1908

On sait peu de choses de l’existence de l’Union mutuelle des employés civiques créée en 1908, sinon par l’acte d’incorporation signé par son secrétaire, M. A. Mathieu. Son rôle a semblé relativement marginal et n’a pas eu d’effet d’entraînement.

1920

Le 7 juin, dans la salle des oeuvres de la paroisse Saint-Enfant-Jésus et à l’instigation du directeur des oeuvres sociales du diocèse de Montréal, l’abbé Edmour Hébert, un certain nombre d’employés du bureau de l’Hôtel de ville décident de jeter les bases du Syndicat national et catholique des fonctionnaires municipaux.

  • Président honoraire : L’abbé Edmour Hébert
  • Président : J. Rod. Thibaudeau
  • Vice-président : J. O’Neil
  • Secrétaire-archiviste : Colbert Grothé

Dès octobre, le nouveau Syndicat présente une pétition à la Commission administrative de la Ville relative aux traitements de l’année suivante. 

1921

Le Syndicat s’affilie au Conseil central et, l’année suivante, à la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC).

1922

M. J. M. Dubeau est élu président. Il le demeurera pendant plusieurs années. M. Alphonse Bourdon lui succédera.

1923

Le 18 janvier, le Syndicat obtient un police d’assurance collective de la Sunlife. Un fonds de réserve sera partiellement distribué sous forme de dividende en 1928, 1933 et 1938. Selon un article de l’époque : "L’affaire avait été très bien menée puisque le Syndicat renouvela le contrat à plusieurs reprises, et qu’aujourd’hui, la question de l’assurance favorise beaucoup le recrutement".

1932

Le fonds de pension est institué le 1er janvier.

1935

Le Syndicat offre, avec le concours de La Prévoyance, une assurance accident-maladie.

1937

On fonde, le 4 décembre, l’Association des fonctionnaires municipaux. Son but est de permettre aux fonctionnaires de s’unir pour travailler à la réalisation de leurs aspirations, tant dans le domaine social que sportif et récréatif.

Elle compte à son actif un orchestre composé d’une quarantaine de musiciens qui présente des concerts dans des lieux comme le Chalet de la montagne. Un choeur d’homme se produit, quant à lui, à l’auditorium du Plateau. L’Association met aussi sur pied une foule d’activités récréatives, tel un voyage en train à New York où un wagon est réservé aux dames !?

Pour promouvoir ses activités, ses réalisations ou informer ses membres, l’Association dispose d’un outil efficace : la revue Concordia qui sera publiée chaque mois à partir de 1939. Pendant près d’une vingtaine d’années, elle paraîtra régulièrement, attestant ainsi de son utilité et de sa popularité.

1938

Le président du Syndicat, M. Alphonse Bourdon, adresse le 27 mars une lettre à la «propagandiste de l’élément féminin», Mme Irène De Sève, que le principe de l’admission des femmes au Syndicat est adopté à la condition expresse qu’elle obtienne l’adhésion de 50 d’entre elles au plan d’assurance-groupe collective.

1940

À la demande de l’Association, l’Administration municipale accepte d’aménager une salle de repos pour les fonctionnaires à l’hôtel de ville.

1941

L’Association ouvre son propre local au 428B, place Jacques-Cartier. Il servira de salle à manger le midi, de salle de repos et de salle de jeu. Durant toutes ces années passées, les fonctionnaires font souvent des demandes particulières à leurs superviseurs à titre individuel. Plusieurs lettres dans les archives de la Ville le prouvent. Ils utilisent volontiers leurs relations privilégiées ou politiques pour obtenir gain de cause.

La société québécoise évolue à la faveur de la reprise économique consécutive à la Deuxième guerre mondiale et du plein emploi qui en découle. Les fonctionnaires prennent conscience qu’ensemble et organisés, ils pourront davantage améliorer leurs conditions de travail.

1943

La Fraternité des employés municipaux, affiliée au Congrès canadien du travail, qui représente les employés manuels, des policiers, des pompiers et les cols blancs du Service des travaux publics, tente de s’immiscer parmi les fonctionnaires cols blancs, chasse gardée du Syndicat national et catholique des fonctionnaires municipaux.

Le Syndicat et la Fraternité présentent une demande de reconnaissance officielle au Conseil d’arbitrage. Dès le début des travaux, la Fraternité se retire après avoir constaté la plus grande popularité du Syndicat.

Le 15 décembre, les fonctionnaires tiennent une réunion au cours de laquelle ils décident de mettre sur pied un comité formé de trois représentants de chacune des associations pour assurer une plus grande cohésion en vue des événements à venir. 

  • Pour le Syndicat : MM. Amédée Parent, Jean-Baptiste Noël et Roméo Éthier.
  • Pour la Fraternité : MM. Lucien Croteau, Lionel Thérien et René Demers.
  • Pour l’Association : MM. René Constant, Léopold Sourdif et Armand Achuim.

Le 20 décembre, 927 votent en faveur d’un débrayage. Le quartier général des grévistes est établi au local même de l’Association des fonctionnaires municipaux, le 428B place Jacques-Cartier.

En proie à la panique, le Comité exécutif de la Ville fait parvenir un télégramme au premier ministre et au procureur de la province dès l’annonce de la grève ; il les enjoint à mettre à sa disposition la police provinciale et la police fédérale pour aider la police municipale.

Le 28 décembre, dans le hall d’honneur de l’hôtel de ville, les fonctionnaires se prononcent à 762 contre 527 en défaveur du rapport de négociation et du protocole de retour au travail présenté par le Comité des «Neuf», et en faveur du maintien de la grève. 

1944

Le 6 janvier, le maire Adhémar Raynault rend visite au quartier général des grévistes et prononce des paroles encourageantes tout en se retranchant derrière son impuissance. La Ville de Montréal est sous tutelle depuis quelques années déjà. Il offrira ses services à titre de médiateur.

Les 8 et 9 janvier, les représentants des grévistes rencontrent le premier ministre du Québec, des ministres et des membres de la Commision des affaires municipales. À leur retour, ils soumettent aux membres les dernières propositions de la Commission des affaires municipales : 

  • Une augmentation (182 $ par an aux hommes mariés et de 130 $ aux célibataires) du «boni de vie chère» avec effet rétroactif jusqu’au 1er décembre 1943 ; 
  • Arbitrage immédiat du différend ; 
  • Acceptation par les parties de la sentence arbitrale, qu’elle soit unanime ou majoritaire ; 
  • Equité et sympathie de la part de la Commission municipale envers les fonctionnaires ; 
  • Toute augmentation décidée par arbitrage sera rétroactive au 1er décembre 1943 ; 
  • Complète immunité à tous les grévistes ; 
  • Convention collective entre la Ville et ses employés. 

Les membres l’acceptent sans trop d’enthousiasme. La première grève des fonctionnaires municipaux aura donc duré du 21 décembre 1943 au 12 janvier 1944.

En mai 1944, le tribunal Lespérance, outre les bonis, hausse les échelons salariaux de 10 % et accorde une augmentation de 220 $ à la suite d’une ordonnance de la Commission municipale du Québec. Tous les fonctionnaires en grève seront intégralement payés pour la durée du débrayage. Le président intérimaire est M. C. O. Bruneau et le secrétaire, M. Albert Giroux.

Il est important de noter qu’à la suite de cette grève, l’Assemblée législative du Québec adopte deux bills d’une grande importance. Le bill no 2 demande de remplacer le droit de grève par l’arbitrage obligatoire pour tous les employés de la fonction publique. Le bill numéro 3 confirme le droit d’association pour tous les employés et employeurs, et oblige les patrons à reconnaître comme agent de négociation l’Association comptant 60 % des employés.

Cette première grève des fonctionnaires municipaux aura permis au Syndicat de s’affirmer et de commencer à jouer un rôle beaucoup plus actif. Elle est le point de départ de nombreuses réalisation syndicales et de la volonté de défendre les membres face à l’employeur. Elle met en place un véritable rapport de force entre le Syndicat et l’employeur.

1945

Le 14 mai est fondée la Caisse populaire des fonctionnaires municipaux de Montréal. Le conseil d’administration est formé de : MM. Benoît Rajotte, (président), René Constant (vice-président), Roger Ratté (secrétaire-gérant). Les directeurs sont MM. Robert Langlois, Édouard Desroches, Delphis Demers, Achille Rémillard, Georges de Varennes, Georges Boyer, Lucien Verdon et Lucien Hétu.

Le 15 mai, la Commission des relations ouvrières du Québec émet un certificat de reconnaissance au Syndicat national des fonctionnaires municipaux et le reconnaît comme agent négociateur.

1946

M. René Constant est élu président du Syndicat.

1947

M. René Constant, président du Syndicat, est remercié de ses services par la Ville. Il est rapidement réintégré dans ses fonctions sur l’ordre de la Commission des relations ouvrières.

Le 27 octobre, le tribunal d’arbitrage, sous la présidence du juge J. E. Cadotte, rend une décision dont voici les principaux éléments : 

  1. Le minimum et le maximum des échelles salariales des fonctionnaires concernés sont haussés de 10 %, de même que leurs traitements individuels, sans compenser avec les ajustements découlant de la correction de griefs individuels ou collectifs ; 
  2. Cette augmentation a un effet rétroactif au 1er décembre 1946 ; 
  3. Mise en vigueur, à compter de cette même date, un nouveau minimum et 110 $ pour les célibataires et de 150 $ pour les hommes mariés.

1953

Le 27 avril, le juge-arbitre Paquette rend un sentence dont les principaux éléments sont : 

  • Versement de 140 $ à tous les employés pour la période du 1er décembre 1952 au 30 novembre 1953 ; 
  • Création d’une pension pour les veuves et les orphelins, formation d’un comité de griefs constitué de représentants de la Ville et du Syndicat, instauration d’un régime d’assurance-santé et d’une assurance-vie de 2000 $, et formation d’un comité de négociation de griefs pour celle du 1er décembre 1953 au 30 novembre 1954 ; 
  • Augmentation générale de 6 % et incorporation intégrale du «boni de vie chère» pour celle du 1er décembre 1954 au 30 novembre 1956. 

Mécontents de la sentence du juge-arbitre Paquette, les fonctionnaires participent, avec les policiers et les pompiers, à une assemblée au marché Saint-Jacques. Ils réclament la démission du juge Paquette et évoquent la possibilité de débrayer à nouveau.

Comme, selon la loi, la sentence arbitrale est sans appel, ils décident de discuter de points non couverts par la loi.

Le maire Camilien Houde communique, quant à lui, avec le premier ministre Maurice Duplessis, qui lui conseille de publier l’échelle des salaires municipaux... 

1954

On assiste à l’instauration de la traditionnelle messe de la fête du 1er Mai, à l’initiative du nouveau service d’éducation du Syndicat et avec la collaboration de tous les autres Syndicats de la Ville.

Il faut situer ici les débuts de la Coopérative d’habitation, une initiative d’employés de la Cité de Montréal — on l’appelait ainsi à l’époque. Ils se regroupent en un comité dans le but d’étudier la possibilité de former une coopérative qui aurait pour tâche d’obtenir une partie du domaine Saint-Sulpice pour y construire des maisons.

1955

Le service d’éducation du Syndicat présente au restaurant Au Réchaud, sis au 305, rue Graig est — le local actuel de notre caisse populaire, rue Saint-Antoine est — des dîners-causeries, des rencontres de services, des journées d’étude pour les dirigeants syndicaux et même un cours d’Initiation à l’administration municipale de Montréal en collaboration avec l’Extension de l’enseignement de l’université de Montréal.

1957

Le 6 mars, près de 120 fonctionnaires (quelques-uns sont accompagnés de leurs épouses) se rendent à Ottawa en voyage d’étude. Pilotés par M. Paul Gérin-Lajoie, ils rencontrent et s’entretiennent, entre autres, avec le premier ministre Louis Saint-Laurent.

Le 13 mars, l’administration Drapeau-Desmarais tente d’exclure un certain nombre de fonctionnaires municipaux de notre Syndicat. Elle est déboutée par la Commission des relations ouvrières.

Le 30 avril, lors d’une conférence de presse, le président du Syndicat, M. René Constant, rend publics les points saillants de la sentence du juge-arbitre Pascal Lachapelle. La décision, rédigée sous forme de convention collective, soulève la joie des fonctionnaires municipaux car elle donne gain de cause au Syndicat sur presque tous les points.

Le 3 mai, l’Institut canadien d’éducation des adultes attribue son prix annuel au service d’éducation du Syndicat pour « le travail remarquable d’éducation populaire accompli depuis quelques années afin de répondre à des besoins réels des fonctionnaires ».

1958

Au mois de février, la cour d’appel rend une décision confirmant celle du juge Elphège Marier de la cour supérieure, dans l’émission d’un bref de mandamus contre la Ville de Montréal au sujet de l’assurance-vie et de la pension aux veuves et aux enfants des fonctionnaires municipaux. Le jugement de première instance avait accordé gain de cause à notre Syndicat le 15 novembre 1956. La Ville a interjeté appel auprès de la cour du banc de la reine, le plus haut tribunal de la province et celui-ci, à sa dernière session, a maintenu dans son intégrité le jugement Marier.

Du 10 au 14 octobre, près d’une quarantaine de fonctionnaires, accompagnés de leurs épouses ou amies, se rendent à New York pour étudier de près le fonctionnement des Nations Unies.

1959

Durant le temps des Fêtes, un incendie détruit le 428B, place Jacques-Cartier, qui abritait le Syndicat. On aménagera un nouveau local syndical au 468, rue Duluth est.

1960

Du 6 mars au 10 avril, les fonctionnaires municipaux sont invités à participer à la Grande mission de Montréal.