Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP)

Le plus important Syndicat du secteur municipal québécois

Actualités Actualités Un questionnaire pré embauche suscite des interrogations

Un questionnaire pré embauche suscite des interrogations

samedi 10 février 2018 | Montréal : les candidats cols blancs doivent révéler leur historique médical

(Ici Radio-Canada Montréal) – Être capable de rester longtemps en position assise, de s'adapter au stress, de résister aux horaires variables et prolongés ainsi qu'être stable émotivement, voilà quelques aptitudes essentielles décrites dans le questionnaire médical que doivent remplir les candidats sélectionnés comme cols blancs administratifs ou employés de bureau à la Ville de Montréal.

Le questionnaire médical obtenu par Radio-Canada, en vigueur depuis septembre 2016, mentionne que de l'arthrite, des étourdissements ou des problèmes de consommation d'alcool ou de drogues, entre autres, peuvent affecter ou avoir des répercussions sur les tâches reliées au poste convoité. Les candidats sélectionnés doivent indiquer s'ils ont déjà été traités ou s'ils souffrent d'une maladie, ou d'un problème de santé pouvant affecter leur prestation de travail.

La Ville leur demande également s'ils sont en traitement ou en attente de traitement pour des problèmes de santé, par exemple s'ils prennent une médication ou s'ils suivent une psychothérapie.

Dans une réponse écrite, la Ville dit être « soucieuse des bonnes pratiques et estime être en respect avec les dispositions de la Charte [des droits et libertés de la personne] ». Elle affirme avoir le devoir d’embaucher des candidats ayant la capacité d’exercer adéquatement les tâches de l’emploi postulé.

Le problème des questions ouvertes

Un jugement rendu l'an dernier démontre que des questions ouvertes peuvent constituer une atteinte au droit à la vie privée.

Le Tribunal des droits de la personne a donné raison en février 2017 à la Commission des droits de la personne dans une cause contre le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides. Le tribunal jugeait discriminatoire le questionnaire médical qui posait à une candidate des questions trop larges et sans lien avec le poste convoité de psychologue. On lui demandait entre autres si elle avait déjà été hospitalisée.

Une cause de la Cour d'appel de l'Ontario en 2000 traitait aussi des antécédents médicaux en emploi, signale l'avocate de la Commission des droits de la personne du Québec, Stéphanie Fournier. La cause opposait Imperial Oil et un employé, Martin Entrop, qui contestait un changement d'affectation après avoir révélé des problèmes d'alcoolisme plusieurs années auparavant.

« Ce qu'avait retenu le tribunal, rappelle Me Fournier, c'est que si vous avez déjà eu un problème de consommation de drogue, mais que depuis plus de cinq ans, vous êtes totalement abstinent, l'expertise a démontré que vous n'êtes pas plus à risque d'avoir un problème de consommation que n'importe qui dans la société. »

L'avocate ajoute qu'un employeur doit donc préciser une période de temps pour laquelle il veut obtenir des informations médicales, à la condition, bien sûr, que ces informations aient un lien avec le poste convoité.

Un test de personnalité controversé

Le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal dit recevoir peu de plaintes des nouveaux membres cols blancs au sujet du questionnaire médical, dont il n'a d'ailleurs pas de copie.

« Les gens qui débutent à la Ville de Montréal, c'est sûr qu'ils n'iront pas se plaindre au syndicat. Tu veux faire tes preuves, tu n'appelleras pas ton syndicat pour dire qu'il y a une drôle de question dans le questionnaire d'embauche. »
– Francine Bouliane, présidente du syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal

La chef syndicale dénonce cependant un nouveau test de personnalité exigé pour certaines promotions, en plus des traditionnels tests de français et mathématiques ainsi que de l'entrevue.

« Nos membres sont très mécontents de ça, dit-elle, parce que le reste des tests est très cartésien, tu le passes ou non. À l'entrevue, il y a un système de pointage. Mais ça, ça vient arriver par-dessus, les gens se font dire : il n'y a pas de pointage là-dessus, mais ça vient moduler l'ensemble des résultats. Dans le fond, ce que ça vient tester, c'est ton caractère puis tes émotions, ces affaires-là. »

Le syndicat a déposé un grief contre Montréal en janvier 2017 pour dénoncer ce que la Ville appelle « l'inventaire de personnalité ».

(extrait d’un texte de Benoît Chapdelaine publié sur le site d'ICI Radio-Canada)